Deux ferries à un endroit incongru …

Comme vous le savez, le milieu maritime m’intéresse au plus haut point. Je ne travaille pas dans une compagnie maritime mondialement reconnu sans que cela déteigne sur mes centres d’intérêts.

Donc, depuis une vingtaine de jours, débouchant par l’autoroute A55 sur la rade de Marseille et découvrant les quais du Grand Port Maritime de Marseille, une vision m’intrigue au plus haut point. La présence d’un navire, puis d’un deuxième quelques jours plus tard, qui n’ont strictement rien à faire dans les bassins marseillais.

Il s’agit de deux navires de « Moby Line », une compagnie de navigation maritime privée italienne (sous pavillon italien), qui assure des liaisons entre la Corse et la Sardaigne au départ de l’Italie. Les deux navires, le « Moby Drea », amarré au terminal de croisière et son Sister Ship, le « Moby Otta », amarré lui à la digue du large, sont en escale pour la première fois à Marseille, port que Moby Line n’a aucune raison à priori de toucher.

Dans le contexte hautement explosif de la desserte de la Corse, la présence de ces deux navires était une véritable énigme, voire même une provocation alors que la bagarre entre les différents acteurs de la desserte de la Corse est à son comble.

« Le Marin », l’hebdomadaire maritime havrais, a dévoilé dans sa dernière édition les raisons de la présence de ces deux unités. Et là, je reste pantois devant l’absence de réaction du milieu maritime marseillais et de la presse locale, Marsactu compris.

Remettons dans le contexte. La C.N.M., le Chantier naval de Marseille, Filiale du groupe italien San Giorgio del Porto, exploite actuellement les formes 8 et 9 des bassins phocéens. Longues de 320 et 250 mètres, elles abritent depuis le 20 mars 2016 le « Sirena » de l’armateur Oceania et, depuis le 1er avril 2016, le « Seven Seas Navigator » de l’armateur Regent Seven Seas Cruises.

Le premier subit une refonte générale accompagné de lourds travaux de modernisation tandis que le second fait son arrêt technique habituel avec un carénage. Una aubaine pour l’entreprise provençale emploie une centaine de salariés et de nombreux sous-traitants.

Sauf que la présence des deux « Moby Lines » jette un voile étrange sur ces escales et les chantiers engagés.

En effet, « Le Marin » révèle que le « Moby Drea » a été loué par l’armateur du navire « Sirena » pour loger son équipage et ses équipes tandis que le « Moby Otta » a lui été loué par R.S.S.C. pour les mêmes raisons.

Ce n’est pas la première fois que le C.N.M. fait appel à un ferry pour loger les équipes techniques, la première fois étant en avril 2014 lors de l’arrêt technique du paquebot Seven Seas Mariner qui avait logé ses équipes sur le Snav Adriatico.

Mais cette fois-ci, l’ampleur du nombre des travailleurs « hors Marseille » employé par le chantier pour ces travaux atteint un niveau inquiétant. Le chantier a beau se défendre en arguant que les équipes logées dans les ferries sont les équipes embauchées par les armateurs, on ne peut que remarquer que Moby et S.G.D.P., maison mère de C.N.M., sont proches.

On peut aussi légitimement s’interroger sur le nombre de travailleurs étrangers logés dans les deux ferries en sachant que chaque navire dispose d’environ 400 cabines, sans compter les suites ou les salons passagers. A première vue, ce serait pas moins de 600 à 1000 travailleurs venus de l’étranger pour assurer les travaux lourds du C.N.M .

Quel que soit leur nombre exact, une seule chose est sure. Si le C.N.M. a bien été désigné pour les travaux de carènes, les équipes choisies par les deux armateurs ne sont pas marseillaises et les ferries loués pour devenir des hôtels flottants ne sont pas non plus des ferries français …

A méditer …

Maintenant pour ce que j’en pense …

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