Jeudi 21 avril 1932 : "L'attentat" de Saint Barnabé

 

Présentation temporaire (fin)

 


Remarques : Quand la "Bande à Maucuer" croise la route des "Brigades du Tigres" dans un petit bureau de poste de Saint Barnabé ...

Bilan : 3 morts, une ville traumatisée et la plus grande chasse à l'homme des années trente

En attendant la notice intégrale de ces évenements actuellement en cours de préparation, un bref résumé pour vous faire patienter ...

 

 


Les quatre malfaiteurss

Les quatre "braqueurs"


Les obsèques des trois policiers (Saint Pol, Cambours et Thibon), se déroulent le 23 avril 1932 après-midi devant de nombreuses personnalités marseillaises mais aussi parisiennes. Les trois inspecteurs ont reçu le matin même la croix de la Légion d’honneur qui, comme il est de coutume dans ces cas-là, a été épinglée sur les cercueils.
.
Outre la pension versée par le Ministère de l’Intérieur, les familles des inspecteurs recevront un petit pécule versé par l’administration des P.T.T. sur ordre de son Ministre de tutelle, Louis Rollin.
.
Louis Mancini, le jeune bandit d’origine italienne arrêté par l’inspecteur Cambours juste avant sa mort, aidé par Michel Charles, le patron du bar voisin du bureau de Poste, est conduit à l’Evêché, où il s’empresse de vider son sac. Sous le coup d’un arrêté d’expulsion, se sachant probablement accusé du meurtre d’un policier, il a tout intérêt à faire profil bas. Problème, il ne connait pas ses acolytes car il ne devait pas participer à l’attaque. Il remplace au pied levé un autre malfrat, un certain Perra, d’origine italienne comme lui, et qui avait eu un empêchement !
.
Dans ses déclarations, Louis Mancini donne le prénom de celui qui dirigeait l’attaque : un certain Camille. Il faut moins d’une heure aux policiers pour montrer au jeune italien la photo de Camille Maucuer, déjà fiché à ce que l’on nomme maintenant le « grand banditisme ». La reconnaissance est immédiate et sans appel. Cette célérité de la police marseillaise dans l’identification de Camille Maucuer ne peut s’expliquer que par le fait que les inspecteurs connaissaient déjà le nom et le visage du chef de ce gang sanglant.
.



Les témoins

Deux témoins "actifs"

En même temps que Mancini est interrogé à l’Evêché, les autres policiers marseillais ne restent pas inactifs. Ils cherchent dans toute la ville la Citroën rouge marron immatriculée 1365 CA qui a servi au braquage et que de nombreux témoins ont vu prendre la fuite. Elle est rapidement retrouvée, abandonnée rue Beauséjour et son chauffeur rapidement identifié en la personne de Pascal Fusco. Il faut dire que note chauffeur de taxi n’est pas très malin. Il a carrément oublié son pardessus avec une carte de visite dans une poche sur la banquette arrière de l’auto volée la veille du hold-up. Mais, à son domicile, les policiers ne trouvent que sa femme. Pascal Fusco a pris la fuite.
.
Grace aux aveux de Mancini, un petit malfrat marseillais est à son tour recherché activement et finalement arrêté Place de Saint Jérôme deux jours après le drame. Il s’agit de Georges Falcetti. Cet homme, qui n’a pas pris part à l’attaque sanglante de Saint Barnabé, était en fait au courant et a mis en relation les bandits entre eux. C’est même lui qui a trouvé Louis Mancini lorsque Perra a fait défaut. Avec le recul, et au vu du traitement plutôt bon enfant que reçu Georges Falcetti à l’Evêché, ceux qui s’intéressent à cette affaire pense que c’est lui qui a donné Maucuer à la Police.
.
Georges Falcetti nie toute participation active au hold-up. Il reconnaît par contre connaître les quatre malfrats et même les avoir présenté les uns aux autres pour certains d’entre eux. C’est lui qui va donner le nom du quatrième gangster, le cheminot de la bande : Calixte Joulia.
.
On se trouve face à un double paradoxe concernant ce quatrième bandit. Tout d’abord, la femme de Calixte Joulia était la maitresse de Camille Maucuer et ensuite, au moment où Falcetti révéla aux policiers que Joulia était le quatrième assassin, celui-ci était déjà dans les geôles de l’Evêché depuis la veille. En effet, recherchant Maucuer, les policiers avaient trouvé sa maitresse et constaté que le mari de ce dernier était cheminot sur les lignes où Maucuer, pilleur de train, opérait. Ils avaient donc arrêté le cheminot en se disant qu’il devait être l’indicateur du pilleur de tain.



Le bureau de poste

Le procès d'Aix-en-Provence

.
Dans un premier temps, Joulia va jouer les vierges effarouchées, maudissant son infortune conjugale, tentant même de s’ouvrir les veines dans les geôles de police. Mais quand Falcetti fut arrêté et son rôle dans l’attaque dévoilé, il s’empressa de faire des aveux complets.
.
« Il y a environ un an que je connaissais Falcetti et Maucuer. Quant à Fusco, j’étais lié avec lui depuis mon enfance. C’est Maucuer qui m’a proposé de participer à l’affaire de Saint Barnabé. Jeudi dernier, vers 16 heures, Maucuer est venu me chercher. Nous sommes allés à Saint Barnabé par le tramway et avons rejoint une automobile qui stationnait devant l’église. Mancini, qui était seul, est venu nous rejoindre. Maucuer a précisé le rôle de chacun et nous a remis les cagoules. Fusco, qui tenait le volant, nous a conduits au bureau de poste, où nous sommes entrés à quatre. Je me suis mis à consulter l’annuaire des téléphones et Maucuer s’est avancé vers le bureau des employés. C’est à ce moment que les trois inspecteurs ont bondi sur nous. L’inspecteur Thibon m’a saisi. Saint-Pol est venu à son aide tandis que Mancini restait aux prises avec Cambours. Maucuer est intervenu : c’est lui qui a tué les inspecteurs. Nous avons fui, Mancini seul de son côté et Maucuer avec moi. Nous avons trouvé Falcetti qui nous attendait et nous sommes allés dans un bar. Je suis rentré chez moi et j’ai du avouer à ma femme ce qui s’était passé. Elle avait en effet remarqué les égratignures que j’avais aux bras. »


Trois remarques concernant ces aveux :

=> Joulia inaugure un mode de défense que Mancini et Fusco vont reprendre : c’est Maucuer et Maucuer seul qui a abattu les trois inspecteurs.

=> La femme de Joulia savait parfaitement où se trouvait son mari puisque les quatre cagoules que remis Maucuer ce jour là avaient été fabriqué par sa maitresse : la femme de Joulia !

=> Falcetti, pourtant mis en cause par Joulia, et Mancini avant lui, ne fut pas inquiété outre mesure et ne fut pas poursuivi dans cette affaire.


Après ce beau démarrage, l’enquête se mit à piétiner. Camille Maucuer et Pascal Fusco sont introuvables. Le pire est atteint, lors d’une battue dans les collines de Saint Jérôme, à la recherche du premier fugitif, un chasseur, Sylvain Rey, est pris pour l’assassin et grièvement blessé par un gendarme.
.
Camille Maucuer est arrêté le 2 aout 1932 à Paris alors qu’il rendait visite à sa maitresse parisienne. Cette jeune femme, Elisa Carbonnel, était en fait surveillée depuis la fusillade par la sureté qui pensait, à juste titre, que tôt ou tard l’assassin allait prendre contact avec elle. Pascal Fusco est lui arrêté en Espagne où il avait trouvé refuge.
.
Maucuer, s’il reconnaît le braquage, charge de son côté Joulia. C’est lui qui aurait eu l’idée du braquage et c’est le cheminot et lui seul qui a abattu les trois inspecteurs. Fusco est un lâche qui a fui dès le moment où cela a mal tourné quant à Mancini, c’est une jeune frappe italienne incontrôlable.
.
Dans ces conditions, le procès verra l’affrontement de deux thèses : celle de Maucuer accusant Joulia de meurtres et celle de Joulia, soutenu par ses deux complices, faisant endosser la responsabilité des meurtres et du braquage à Maucuer.
.
Le procès se déroule aux Assises d’Aix-en-Provence du 21 au 27 janvier 1934 sous la présidence du juge Coggia. Le siège du Ministère public est occupé par le procureur Rol. L’ambiance est tendue et le palais de justice sous haute surveillance !

Premier interrogé par le président, Camille Maucuer nie farouchement avoir tiré sur le moindre inspecteur. « Je n’étais pas armé ! » martèle t’il sans cesse. « C’est Joulia l’instigateur ! » renchérit-il.

Mais ces dénégations font peu d’effet devant les déclarations unis de Joulia, Mancini et Fusco qui accusent sans hésiter Maucuer d’avoir tiré et, de surcroit, d’avoir été leur chef. Ils sont d’autant plus convaincants que, deux jours auparavant, dans un autre procès, Maucuer et Joulia ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité pour des attaques de trains dans la région marseillaise. Or, dans ce procès spécifique, Maucuer, sans l’ombre d’une hésitation, a été désigné, à la fois par la justice et par ses complices, comme le chef sanguinaire des pilleurs de train.

Les malfrats se renvoient la balle pour endosser la responsabilité des trois meurtres. Le procès n’est qu’une succession d’incident de séance, de disputes entre les accusés, de réactions passionnées de la foule des spectateurs.

Le procureur Rol demande la peine de mort pour les quatre inculpés. Chaque avocat de la défense tente de disculper son client et de charger les autres complices. Rien de bien neuf sous le soleil ! Finalement, le 27 janvier 1932, en fin d‘après-midi, le verdict tombe :

=> Camille Maucuer et Calixte Joulia sont condamnés à mort,

=> Louis Mancini et Pascal Fusco sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité,

=> Marie Louise Moullet épouse Joulia écope de cinq ans de prisons

=> Georges Falcetti et Perra, eux, n’ont pas été poursuivis pour ces faits.



L'éxécution de Maucuer

L'éxécution de Maucuer

.
La peine de Calixte Joulia est commuée en travaux forcés à perpétuité par le Président de la République.
.
Camille Maucuer lui ne sauve pas sa tête. Il est, quant à lui, guillotiné le 30 avril 1934, devant la porte de la prison Chave. Comme il est de coutume à l’époque, l’exécution sera publique et nombreux sont ceux qui se pressent pour voir rouler dans la sciure la tête de « l’assassin de flic ». Il refusera l’aide du prêtre mais fumera sa dernière cigarette avec un calme étonnant.
.
Jusqu’au bout, il clamera qu’il n’a pas tiré …
Haut

 

 


Retour Présentation (début)
Jeudi 21 avril 1932
Accueil Avant