Le 20 septembre 1935, l'avocat fut exact au rendez-vous devant les grilles de sa villa mais personne ne s'y trouvait. Troublé, l'avocat pénétra dans le jardin puis dans la villa pour attendre sa visiteuse. Il se trouvait dans le fumoir depuis quelques minutes lorsque soudain le jeune homme de la semaine précédente fit irruption dans la pièce, un revolver à la main.
" Pas un geste, pas un mot où je vous brûle !"
Terrorisé, Mr Samama s'affala dans un fauteuil proche
"Non ! Levez-vous. Marchez devant ! Ne vous retournez pas ! Montez au premier, dans le hall ! "
Monsieur Samama obéit et quand ils eurent atteint le palier du premier étage, le jeune homme expliqua :
"Vous avez fait perdre à ma famille, comme avocat-conseil, plus de cent cinquante mille francs. Vous allez me signer un chèque de vingt cinq mille francs !
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Mais je n'ai pas de carnet de chèque sur moi !
- Qu'à cela ne tienne. Vous allez écrire un mot à l'adresse de votre dactylo pour qu'elle vous en fasse parvenir un tout de suite.
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Mais, je n'ai pas l'argent en banque !
- Comment, vous venez d'acheter une villa de trois cent mille francs et vous prétendez que vous n'avez pas d'argent ?"
Mais l'agresseur parut décontenancé par les réponses et l'attitude de l'avocat. Changeant finalement de tactique, il lui demanda de vider ses poches.
L'avocat s'exécuta et remit à son agresseur quatre cent cinquante francs en liquide, sa montre en or de marque suisse et d'une valeur de cinq mille francs, la giletière et la bourse en argent contenant soixante francs en monnaie. L'avocat tenta un coup de bluff :
"Je voudrais bien garder ma montre, j'y tiens beaucoup !
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Elle vous sera rendue dans trois jours si dans ce laps de temps vous ne portez pas plainte."
L'agresseur fit alors monter l'avocat dans une chambre de bonne.
" Restez là où je vous tue !
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Mais vous ne m'avez pas laissé un sou !
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Voilà dix francs pour votre taxi !"
Laissant l'avocat enfermé dans la chambre de bonne, l'agresseur prit la fuite.
Étrange agresseur qui laisse dix francs à sa victime pour qu'elle puisse prendre un taxi. Toute la presse marseillaise fera remarquer ce détail.
Au bout d'un quart d'heure, sûr que son agresseur était parti, l'avocat se libéra puis téléphona à son gendre avant d'alerter la police.
La Sûreté ouvrit alors une enquête mais ne trouva aucun Isnard à l'adresse donnée du boulevard Baille. |