Jeudi 28 novembre 1935 : L'enlévement de Claude Malmejac

 

PREMIERES AVANCEES DANS L'ENQUETE


X

Une affaire similaire cinq jours auparavant

 
XI

Le chauffeur de taxi retrouvé

 
XII

Le 5 cours Pierre Puget

 
XIII

Premières hypothèses

 



Remarques : Le compte-rendu du drame tel que vous le découvrez, est en fait la mise en écriture des témoignages de certains acteurs lors d’émissions diverses, des récits des témoins, des compte-rendu des journaux de l’époque, que ce soit les quotidiens nationaux comme le Petit-Parisien ou l’Intransigeant, pour ne citer que les principaux, ou la presse locale, le Petit Marseillais et le Petit Provençal en tête.

La plus grande partie de l’iconographie est issue des photos publiés par deux quotidiens connus pour leurs photos : Paris-Soir et l’Intransigeant. La mauvaise qualité de cette iconographie est due à l'utilisation du bélinographe, appareil de transmission des photos à distance par le biais du système téléphonique, appareil révolutionnaire pour l’époque et ancêtre du télécopieur.

Ce récit se veut être le plus proche possible des réactions humaines qu’ont eu les témoins et les acteurs du drame en ce jour tragique. Il se veut surtout être un texte à la mémoire des habitants de Marseille qui se sont tant inquiété du sort d'un enfant qu'il ne connaissait pas mais qui, pour eux, était avant tout un enfant de Marseille..

 

IX / Une affaire similaire cinq jours auparavant :


Mlle Cerutti

Mlle Cerutti, la nurse employée par Mr Cizali



Les enquêteurs font immédiatement le rapprochement avec une affaire s'étant déroulé à Marseille une semaine auparavant et dont les modalités et le déroulement rappelle étrangement celle de l'Affaire Malmejac.

Dans ce cas précis, c'est encore une bonne d’enfant qui était visée, employée  elle-aussi par un docteur, le docteur Cizali, un médecin marseillais très connu et très estimé, demeurant au boulevard Dugommier. Seule différence avec l'affaire qui nous préoccupe, la jeune fille gardait deux enfants au lieu d'un, un garçon de quatre ans et un autre de huit mois.

La tentative se déroula le samedi 23 novembre 1935. Comme d’habitude, la gouvernante conduisit les deux enfants dont elle avait la charge en promenade au Palais Longchamps.  Elle s’était installée à proximité de l’entrée principale, en compagnie d’un petit groupe d'autres nurses. Elle eut la surprise de voir soudain un chauffeur de taxi se diriger vers elle et lui demander de le suivre jusqu’à son véhicule. Il lui expliqua qu’une femme l'attendait, désireuse de lui parler.

Après un court instant d'hésitation, la jeune nurse obéit et suit le chauffeur jusqu'au taxi. Elle y trouve en effet une femme d'une soixantaine d'années, correctement vêtue tout en noir, portant des lunettes, s'appuyant sur une canne avec un bout en caoutchouc. Celle-ci lui expliqua que son patron, le docteur Cizali, venait d'être victime d'un grave accident et qu'il réclamait ses enfants. La vieille femme fut suffisamment convaincante pour décider la nurse à monter dans le taxi avec les deux enfants.


Mais un incident se déroula à ce moment là, incident qui sauva la nurse. Le taxi était trop petit pour pouvoir mettre le landau à l'intérieur. Deux taxis sont alors utilisés et  le projet d'enlèvement avorta à cause de ce simple détail.

La jeune gouvernante prévint immédiatement son employeur qui alla trouver la police. Bien entendu, ce fut la Sûreté de Mr Couplet qui  fut chargé de l’enquête.

Les policiers vont alors tenter de retrouver l’inconnue mais, malgré la surveillance étroite qui fut exercée autour du domicile du docteur Cizali et des jardins du Palais Longchamp, l’inconnue ne réapparut plus.

Il ne fait aucun doute désormais que c’est la même inconnue qui opéra dans l’affaire Cizali et dans l’affaire Malmejac. Les points de ressemblance sont beaucoup trop nombreux pour être un simple hasard. De plus, le signalement des deux inconnues correspond en tout point. L’enlèvement du Palais Longchamps ayant échoué, la ravisseuse a tenté et réussi son coup au Parc Chanot.

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XI / Le chauffeur de taxi retrouvé :

Taxi Mattei

Taxi Mattei en 1935


Comme nous l'avons précédemment vu, retrouver le chauffeur de taxi est la priorité principale des recherches. Deux compagnies de taxi opérant à Marseille possèdent des véhicules de couleur verte : Les T.U.P.P. et la société Mattei. L'inspecteur Balligrand se rend au dépôt des taxis T.U.P.P. tandis que l'inspecteur Giordano hérite du dépôt Mattei.

Durant plusieurs heures, inlassablement, les deux inspecteurs vont poser la même question à tous les chauffeurs se présentant aux dépôts après une dure journée de labeur : "Avez-vous chargé vers seize heure au Parc Chanot une vieille femme en noir avec une nurse accompagnée d'un bébé de dix huit mois ?"

Malheureusement, c'est toujours par la négative que répondent les hommes interrogés, au grand désespoir des deux inspecteurs. Mais, vers vingt deux heures, l'inspecteur Giordano entend enfin la réponse qu'il attendait : "Oui !".

Albert Tomassone

Albert Tomassone, le chauffeur de taxi

Le chauffeur de taxi, immédiatement amené à l'Évêché, est un brave homme du nom d’Albert Tomassone, habitant sur le Vieux-Port, au 1 rue Euthymènes.

Devant les inspecteurs de la Sûreté qui l'écoutent avec une attention soutenue, il explique comment il a été amené à charger l'inconnue à proximité du Parc Chanot.

Le 28 après-midi, il était en maraude et revenait de la Plage par l'avenue du Prado en direction du Parc Chanot lorsqu'il fut hélé vers seize heures à proximité du Rond-point du Prado par une inconnue. Celle-ci était âgée d'une soixantaine d'année, s'aidant d'une canne, habillée avec élégance de noir, portant aussi un manteau de fourrure. Elle prie place dans la voiture et lui demanda de se rendre devant l'entrée principale du Parc Chanot.

Arrivé devant les grilles d'entrée du Parc Chanot, elle descendit du véhicule en le priant de l'attendre quelques instants. Elle revint quelques minutes plus tard en compagnie d'une jeune bonne poussant une voiture d'enfant, qui portait au bras un bébé vêtu de bleu.

Il aida la jeune fille à charger le landau sur le plancher du taxi puis les deux femmes et l'enfant s'installèrent à l'arrière. Sur la demande qui lui en fut faite, Il se dirigea vers le 255 rue Paradis tandis que les deux femmes devisaient tranquillement à l'arrière. Arrivée à cette adresse, la jeune fille descendit et pénétra sans hésiter dans l'immeuble.


A peine la nurse eut t'elle disparue dans l'immeuble que la vielle femme pria le chauffeur de taxi de démarrer et de l'amener au 5 cours Pierre Puget.

Arrivé à cette adresse, il aida la vieille femme à descendre du taxi avec le gamin avant de décharger le landau. Le gamin se mit alors à pleurer ce qui intrigua Albert Tomassone mais il n'osa rien dire. L'inconnue, ayant placé l’enfant dans le landau, régla tranquillement le montant de la course au chauffeur de taxi. Puis elle pénétra dans cet immeuble poussant le landau contenant le bébé.

Ce témoignage est plus que convaincant pour la police, d'autant plus qu'il recoupe parfaitement celui de la nurse. Il ne fait aucun doute que sa bonne foi a été abusée par une habile comédienne. A peine pourrait-on lui reprocher son manque de discernement.

Conséquence directe de ce témoignage capital : L’hypothèse d’une malade mentale en mal d’enfant devient l’hypothèse principale. C’est autour de cette hypothèse que les enquêteurs vont désormais travailler et axer leurs recherches.

   
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XII / Le 5 cours Pierre Puget :


5 Cours Pierre Puget

Le 5 Cours Pierre Puget

La déposition d’Albert Tomassone est à peine terminée que déjà la police procède à une descente en force au 5 cours Pierre Puget.

Ils trouvent à cette adresse  un immeuble à majorité de bureau, hébergeant de nombreux cabinets d'avocats et de notaires. Bien entendu, cette présence engendre de très nombreux va et vient comme l'explique la concierge. Elle habite au quatrième étage et n'a rien remarqué de suspect durant la journée du 28 novembre.

L'immeuble est alors fouillé de fond en comble par la police, pièce par pièce, mais strictement sans aucun résultat.  Cela n'étonne pas outre mesure les hommes de la Sûreté. Avant même d'arriver dans l'immeuble, il ne leur faisait aucun doute que la ravisseuse s'était contentée d'attendre dans le couloir, le départ du taxi. Elle avait ensuite quitté l'immeuble pour une nouvelle destination, inconnue celle-là.

De surcroît, cette descente avait un autre inconvénient. Les inspecteurs se présentèrent dans l'immeuble aux alentours de vingt trois heures. A cette heure tardive, les bureaux étaient bien entendu vides. Les rares personnes encore présentes dans les différents locaux étaient ignorantes des faits s'étant déroulés dans la journée.

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XIII / Les premières hypothéses :

Au soir de cette journée tragique, les hypothèses élaborées par les hommes de la Sûreté sur les raisons de cet enlèvement sont nombreuses. Toutefois, aucune d'entre elles n'est privilégiée par les policiers en charge de l'enquête.

Les trois hypothèses :

  • Vengeance ? : Les Malmejac repoussent avec véhémence cette hypothèse, ne se connaissant pas d'ennemi et étant installés depuis peu à Marseille.
  • Chantage ? : Le plus vraisemblable. Mais cela implique des complicités et pourrait donc être l'œuvre d'un gang. Toutefois, cette méthode et cette cible ne correspondent pas au modus-operandi des gangs locaux. De plus, aucune revendication n'est parvenue à la Police ou chez les Malmejac pour étayer cette hypothèse.
  • Œuvre d'une malade ? : C'est l'hypothèse que redoute-le plus la police car il sera à ce moment là très difficile de retrouver la ravisseuse


En terme clair, ce 28 novembre 1935, les policiers, menés d’une main de fer par le chef de la Sûreté, Mr Couplet, sont dans le noir le plus complet.
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Jeudi 28 novembre 1935
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